Tintin, Boule et Bill, Titeuf... : Du militantisme au business
L'édition de bandes dessinées en breton n'est pas une nouveauté. Depuis des lustres, des militants de la langue se sont battus pour offrir une lecture attrayante aux jeunes bretonnants. Mais jusqu'à présent, il s'agissait plus de militantisme que de business.
Le premier fut Tintin, il y a une bonne vingtaine d'années. Puis Astérix, à la même période. Ensuite, les personnages de Yakari et Lucky Luke furent, à leur tour, traduits en langue bretonne. A chaque fois, il s'agissait de petits éditeurs militants ou d'associations qui se mettaient en quatre et prenaient les risques financiers pour publier ces albums assez confidentiels, il faut bien l'avouer.
An Herer, Keit Vimp Bev, ou Skol an Emsav, ces éditeurs, n'avaient pas d'objectifs financiers dans ces aventures, si ce n'est de ne pas perdre trop d'argent. Le dernier en date est la traduction des deux derniers albums de Boule et Bill. C'est un acte militant d'un professeur de musique du collège Sainte-Thérèse, à Quimper, Arnaud Elégoët, avec son association Bannoù-heol, qui est porteur de ce projet distribué par Coop Breizh. A raison d'une cinquantaine d'heures de travail de traduction par album et la vérification de l'Office de la langue bretonne, il publie, en association avec Dargaud, ces deux albums. Le n° 25 a été vendu à 1.000 exemplaires en moins de six mois et un second tirage de 1.000 exemplaires a été relancé. Le n° 26, qui vient de sortir, a été édité à 1.500 exemplaires, actuellement en vente.
Encore plus célèbre, Titeuf, le personnage préféré des jeunes amateurs de BD, apprend, lui aussi, à parler le breton grâce à une collaboration avec une classe Diwan du Relecq-Kerhuon (29). 2.000 exemplaires sortiront en janvier 2005 et nul doute qu'ils vont, eux aussi, s'arracher.
Enfin, sont aussi annoncés pour un futur proche une traduction de « Petit ours brun » et des DVD de dessins animés en breton, avec TV Breizh.
Toute cette nouvelle littérature est, indéniablement, un plus en faveur du combat pour la langue bretonne.
Marcel Quiviger