Quimper : en 25 ans, la maison d'édition en breton Bannoù-heol a modernisé la langue bretonne
La maison d’édition en breton Bannoù-heol a 25 ans. Tout commence en 1999. Arnaud Elegoët, jeune professeur d’éducation musicale et bretonnant, constate que le nombre d’ouvrages en breton pour les enfants et les jeunes est limité.
L’enseignant a alors l’idée de créer sa propre maison d’édition : Bannoù-Heol était née à Quimper (Finistère). « Les éditions Keit Vimp Bev avaient déjà sorti la bande dessinée Yakari en breton et la maison d’édition An Here s’était aussi attelée à la traduction de Tintin mais je souhaitais étendre le choix car il restait encore beaucoup à imaginer », retrace Arnaud Elégoët.
Des débuts avec Boule et Bill
Lui-même fasciné par la BD, il commence par un album de Boule et Bill. Il contacte la maison d’édition Dargaud en Belgique et obtient son accord rapidement.
En 1999, au salon du livre de Carhaix, l’album Sell ‘ta ! (Tiens, voilà Boule et Bill) trône, tout seul, devant Arnaud Elegoët mais l’accueil est enthousiaste.
Titeuf, Thorgal, Petit ours brun…
Une équipe de bretonnants vient l’épauler ainsi que l’Office public de la langue bretonne, notamment pour la relecture. Suivront les traductions de cinq albums de Titeuf, dont un traduit par des élèves du collège Diwan du Relecq Kerhuon, ainsi que la traduction de quatre albums de Thorgal.
Les tout-petits ne sont pas oubliés : « Les aventures de Petit Ours Brun et celles de Leo et Popi trouvent, elles aussi, le chemin du breton », poursuit Arnaud Elégoët. L’éditeur ne manque pas d’enthousiasme et de créativité : en effet des imagiers cartonnés pour apprendre les premiers mots en breton sont édités et, plus récemment, des puzzles sur la Bretagne et les pays celtiques.
Un choc à l’âge de 10 ans
Autant d’initiatives ludiques menées par Arnaud Elégoët qui pourtant, petit, voyait le breton « comme une langue dépassée, une langue sans avenir, une langue parlée ici ou là par des gens âgés » jusqu’à la découverte, à l’âge de 10 ans, de livres pour enfants en breton.
Il poursuit aujourd’hui son travail de traduction mais s’est également lancé, il y a peu dans la production : « C’est une forme d’aboutissement pour une maison d’édition. » Le public se souvient du très beau livre-CD Kan ar Bed édité en 2018, livre qui a d’ailleurs reçu le Prix des Libraires de Bretagne. « Motivé par ce succès et heureux de voir le breton s’écouter en musique dans les familles des écoliers et autres apprenants, j’ai lancé le projet d’une version revisitée et réorchestrée de la cantate Ar Marc’h Dall écrite par Job an Irien et René Abjean au début des années 80″, ajoute Arnaud Elégoët.
Le succès ne s’est pas démenti cette fois-là non plus. S’appuyer sur le riche patrimoine breton et le moderniser, telle est une belle façon de se réapproprier la langue.
L’aventure continue
25 ans de plaisir de lecture en breton et l’aventure continue puisque cette année quatre albums du héros Tchoupi, bien connu des enfants, ont été publiés, quatre albums jeunesse et surtout il y a eu la réédition d’un album de Tintin ! La bande dessinée en breton est commercialisée depuis novembre.
Maryse Saliou