À Quimper, « Ar Marc’h Dall » revient au triple galop
« Quand il était enfant, l’auteur avait un cheval aveugle dans sa ferme. Il le voyait aller, à droite, à gauche, sans savoir quelle direction prendre. Plus tard, il a eu cette image-là pour la Bretagne qui risque aussi, selon lui, de devenir un cheval aveugle si elle perd son identité, sa langue »… En quelques phrases, ce lundi matin, en mairie de Quimper, Arnaud Elégoët, le fondateur de la maison d’édition Bannoù-heol, résume l’origine d’« Ar Marc’h Dall » (Le Cheval Aveugle).
Une nouvelle version musicale
Une œuvre de Job an Irien et René Abjean écrite à la fin des années 1970, et que Bernard Kalonn, adjoint à la culture, présente comme « une symphonie celtique ». « Elle a notamment été jouée aux Fêtes de Cornouaille à l’époque, à la cathédrale. Elle avait eu un gros succès car le texte avait touché les gens et la musique était novatrice ; c’est une des premières œuvres profanes », précise Arnaud Elégoët.
L’éditeur se souvient avoir entendu la version originale lorsqu’il était jeune. À cette époque, il a beau ne pas comprendre la langue, il avoue avoir été « émerveillé de voir que le breton pouvait être chanté d’une aussi belle manière ». Bien des années plus tard, en 2019, il imagine donc une nouvelle version musicale. Autour, notamment, de l’Orchestre symphonique de Bulgarie, des chanteurs corses, Gilles Servat ou Véronique Autret… Cette version est désormais disponible sur CD. Un album qui accompagne le livre « Ar Marc’h Dall - Le Cheval Aveugle ». Paru le 24 octobre chez Bannoù-heol, il reprend le texte d’origine, en breton et en français.
« Le texte n’a pas pris une ride »
Son illustration a été confiée à Geoffrey Berniolle. « Un exercice pas facile, concède le dessinateur. Car le sens du texte est assez subtil ». Au final, ce sont treize double-pages qui sont proposées au lecteur. À l’image du texte, le dessin se révèle parfois plus militant. « Mais ce n’est pas que ça », insiste l’éditeur. « Non, ce sont plein de questions existentielles que l’auteur se pose sur l’avenir, acquiesce Anna-Vari Chapalain, adjointe à la langue bretonne. Ça parle à tout le monde. C’est pour cela que le texte est bouleversant (…). Et il n’a pas pris une ride ». « C’est aussi une œuvre pleine d’espoir », souligne Geoffrey Berniolle.
Le public pourra s’en faire une idée par lui-même, en venant découvrir les planches du livre, exposées dans le hall de l’hôtel de ville jusqu’au 18 novembre (en accès libre, aux heures d’ouverture).