Une carte du monde en breton, façon puzzle
Arno Elegoed n’est pas à court d’idées. Après avoir imaginé des puzzles de la carte de la Bretagne, puis des pays celtes en breton, le président de la maison d’édition quimpéroise Bannoù-Heol, a décidé d‘élargir le jeu à la terre entière en sortant une carte du monde en breton, en deux versions. Un premier puzzle, à destination des enfants, comprend 280 pièces ; un second, conçu pour un public plus aguerri, en compte 1 000. Comme pour les deux précédents opus, cette carte du monde a été dessinée par Mikael Bodlore-Penlaez et a été réalisée avec le concours de l’Office public de la langue bretonne (OPLB).
C’est au château de Kerampuilh, à Carhaix, dans les locaux de l’office, que ces deux « Miltamm », diffusés à 1 500 exemplaires chacun, ont été présentés. « Le puzzle destiné aux enfants a pour but de leur permettre d’apprendre la géographie de manière ludique. Ils apprennent à placer les mers, les continents et font connaissance avec les animaux qui y vivent » explique Arno Elegoed. Concernant le puzzle aux mille pièces, Mikael Bodlore-Penlaez a choisi de mettre en évidence « en plus des quelque 200 pays répertoriés dans le monde, différentes nations sans État telles que la Catalogne, le Québec, le Tibet…) ».
« L’importance du message de la diversité »
« Le message important que nous voulions faire passer est celui de la diversité », insiste le cartographe, avant de détailler le processus de création. « Nous sommes partis de cartes du monde éditées lors de la sortie l’Atlas de Bretagne et du gros travail de terminologie effectué à cette occasion mais avec des contraintes différentes. Il fallait trouver un moyen de rendre facile la réalisation du puzzle. Plusieurs techniques ont été utilisées comme celle de placer de nombreux noms sur les océans et des drapeaux sur les différentes entités. Le choix de la projection de Robinson, avec une déformation moins importante des continents, a permis d’obtenir des proportions plus réalistes », détaille Mikael Bodlore-Penlaez.
Un travail précieux sur la terminologie
De son côté, l’office public de la langue bretonne a mené un travail « précieux » sur la terminologie, de l’avis du cartographe. « L’un des objectifs de l’office est de pouvoir proposer des formes codifiées pour les besoins des bretonnants actuels, dont une grande partie sont de jeunes locuteurs. Ce travail de normalisation avait déjà été effectué sur la nomenclature des pays ou des capitales et cette base est utilisée régulièrement dans les manuels scolaires », explique Hervé Gwengen, responsable du service patrimoine linguistique de l’OPLB. Gwenn-Ael ar C’helleg, traducteur, s’est chargé « de relire tous les noms placés au-dessus des drapeaux » et de faire le tri entre ceux correctement écrits, ceux mal orthographiés et ceux dont il n’y avait pas trace dans la base de données de l’office.
« Sélectionner un terme »
« Comme le breton n’est pas aussi codifié que le français, on peut avoir pour certains noms beaucoup de variantes, ajoute Fulup Jakez, directeur de la structure. Il faut alors sélectionner un terme plutôt qu’un autre avec l’idée de stabiliser l’usage de la langue pour faciliter son apprentissage. Et pour des régions ou des peuples moins connus, apparaissant parfois pour la première fois, faire un choix sur la manière de les orthographier en langue bretonne ». Pour l’équipe de l’OPLB, voir ainsi diffuser cette base de données dans un format ludique est « très plaisant ». « C’est aboutissement de notre travail quotidien », conclut Hervé Gwegen.
Nathalie Com
Pratique
Puzzles cartes du monde (Miltamm ar Bed), 280 pièces (15 €) et 1 000 pièces, (16 €) disponibles dans différents points de vente culturels et sur le site bannouheol.com.