« Ils ont tous hurlé »… Ces collégiens ont traduit la BD « Mortelle Adèle » en breton

Il est une véritable star des bibliothèques. Depuis une dizaine d’années, le personnage de Mortelle Adèle a conquis le cœur des enfants de notre pays. La bande dessinée imaginée par Antoine Dole, alias Mr Tan, est même devenue la plus vendue en France, avec un peu plus de 20 millions de livres écoulés depuis son lancement en 2012. Puisée dans le harcèlement scolaire subi par l’auteur dans sa jeunesse, la BD raconte la vie d’une enfant turbulente aux longs cheveux orange. Un enfant impertinent, qui ose tout, prenant même un malin plaisir à maltraiter son pauvre chat Ajax. Adèle est mortelle. Et depuis quelques jours, elle parle même breton.
Cette initiative, on la doit à Arnaud Elégoët, patron de la maison d’édition Bannoù-heol. Basé à Quimper, ce bretonnant a proposé aux enseignants du collège Diwan où sa fille est scolarisée de s’atteler à la traduction de la BD phare des enfants. « Mortelle Adèle, c’est la BD du moment, c’est lu par toutes les classes et c’est facile d’accès. On a demandé l’autorisation aux auteurs et ils ont accepté », explique l’éditeur. Par le passé, sa maison d’édition avait déjà traduit Petit Ours Brun ou encore Titeuf. « Ça permet de montrer que la langue bretonne n’est pas tournée vers le passé et qu’elle peut être moderne. »
La traduction, c’est la classe de Marine Gloaguen qui s’en est chargée. Cette professeure d’allemand, qui enseigne aussi le breton depuis une quinzaine d’années, n’a pas eu à beaucoup argumenter pour convaincre ses élèves de 6e de se mettre au travail. « Quand je leur en ai parlé, ils ont tous hurlé et sauté partout. Ils étaient super contents », raconte l’enseignante du collège Jakez Riou, à Quimper (Finistère).
Près de 2.000 exemplaires imprimés
Les deux classes de 6e ont travaillé sur le tome I et les 4e sur le tome II. Non sans mal, il faut le reconnaître. « C’est un exercice difficile car il y a beaucoup de jeux de mots et un humour cinglant. On en parlait entre professeurs pour trouver la meilleure adaptation. Je suis fière du résultat. Et ça permet de montrer aux élèves quel intérêt », assure Marine Gloaguen.
Et ça donne quoi Mortelle Adèle en breton ? Les élèves, en accord avec les auteurs, ont choisi Diaoulez Aelez. Que l’on peut traduire par « l’ange diablesse ». Huit cents exemplaires des deux premiers tomes ont été imprimés.
Camille Allain